Une graphie englobante

La graphie dite historique est le fruit du travail d'une équipe scientifique internationale, avec des représentants des trois pays de l'espace francoprovençal, sous la direction du professeur émérite Jean-Baptiste Martin.

Basée sur l'analyse linguistique historique de toute l'aire francoprovençale.

De nombreux systèmes graphiques ont été élaborés au fil du temps, au niveau communal ou régional, à partir d’une initiative individuelle ou collective. Avec l’essor de la dialectologie, des graphies phonétiques ou semi-phonétiques fleurissent un peu partout, à côté des graphies les plus anciennes. Les situations conflictuelles se multiplient autour des choix graphiques, cachant des tensions plus profondes où s’affrontent des représentations linguistiques divergentes. Dans une démarche de collaboration à l’échelle francoprovençale, de nouvelles exigences se précisent au sein du Conseil international du francoprovençal (CIF) et le projet de réfléchir à une graphie commune pour tout le domaine francoprovençal a fait son chemin : un instrument supplémentaire qui répondrait aux exigences des usagers qui, dans certaines situations de communication ou dans une démarche supportée par des représentations linguistiques embrassant l'ensemble du domaine francoprovençal, ne peuvent se satisfaire des graphies locales sur base phonétique.

Pause pendant une séance sur la graphie commune, 2018
Pause pendant une séance sur la graphie commune, 2018

Pourquoi une nouvelle graphie?

La réponse du Professeur Jean-Baptiste Martin

Quand on sait combien, ici comme ailleurs, la question des graphies soulève les passions et les controverses, on peut se demander s’il était opportun de rouvrir le débat en faisant de nouvelles propositions. Il nous a semblé utile de le faire car, sauf à considérer que la langue francoprovençale a déjà disparu ou est dans un état de coma avancé, la question est d’actualité. Elle est d’autant plus d’actualité que les chances de survie du francoprovençal passent par l’enseignement ou l’appren- tissage tardif ainsi que par la création et la diffusion d’œuvres culturelles (littéra- ture, théâtre, chants...). Les technologies nouvelles et internet incitent aussi à l’uti- lisation de graphies unitaires puisqu’elles favorisent la diffusion à grande échelle.

Cette graphie n’a pas vocation à remplacer les graphies de type phonétique qui ont été mises au point par les dialectologues et qui sont utiles et doivent continuer à être employées. Ces dernières sont même nécessaires lorsqu’on veut décrire un patois précis ou écrire dans ce parler.

La graphie supradialectale élaborée par Dominique Stich n’est pas de type phonétique puisqu’elle vise à donner une représentation plus unitaire du francoprovençal. C’est pour cela qu’elle a été reprise par les militants arpitanistes. Cette graphie a été critiquée, y compris dans certains numéros de ce bulletin, par plu- sieurs dialectologues qui lui reprochent d’être trop éloignée des patois, seule réa- lité concrète à leurs yeux. Certains linguistes, au contraire, comme Manuel Meune, en ont souligné les points positifs. Elle a aussi été critiquée par des patoisants qui la trouvent trop complexe. Leurs critiques s’expliquent sans doute par le fait qu’ils ont été habitués aux graphies de type phonétique que leur ont enseignées les dialectologues et qu’il est difficile de se mettre à une nouvelle graphie quand, pendant vingt ou trente ans, on a fait des efforts pour en apprendre une autre. Les graphies que l’on maîtrise semblent, en effet, toujours plus naturelles et plus faciles que celles que l’on ne connaît pas, même si on a mis un temps considérable à les apprendre !

Bien que la question soit difficile, il nous a semblé important de doter le francoprovençal d’une graphie englobante aussi simple que possible afin de favoriser son apprentissage futur (l’apprentissage familial et local dès l’enfance devenant l’exception) ou la diffusion d’écrits dialectaux sur l’ensemble du domaine et même au-delà.

Le travail effectué par Dominique Stich pour élaborer sa graphie supradialectale (ORB2) qui prend en compte certains principes de la graphie du français et de la graphie classique de l’occitan a constitué une aide importante. Même si cette graphie a été critiquée par certains, beaucoup de propositions sont intéressantes. Il nous a cependant semblé utile de mettre au point une graphie plus souple et plus simple, notamment dans l’emploi des accents. L’article « Une graphie englobante pour le francoprovençal ? Avantages et difficultés » que Xavier Lamuela, spécialiste reconnu des graphies des langues romanes, a publié dans ce bulletin3 a constitué un guide précieux, tant au niveau des principes retenus que des choix opérés.

Une graphie englobante du francoprovençal doit tenir compte de l’origine et de l’histoire des mots. Il est important aussi de prendre en compte les graphies des grands auteurs qui ont écrit en francoprovençal, à commencer par Marguerite d’Oingt, notre premier auteur littéraire. Comme le francoprovençal connaît ou a connu beaucoup de traits qui ont façonné le français et que cette dernière langue est officielle dans chacun de nos trois pays, l’utilisation de certains principes graphiques du français a également paru une solution intéressante (...)

Article publié dans les Nouvelles du Centre d'études francoprovençales, n°76, p.125-135

Pour en savoir plus : Martin, J.B., Le francoprovençal découverte et initiation, éd. du Poutan, 2020

cliquer pour voir le livre

Vous trouverez ici les étapes principales de cette réflexion

Une norme graphique stable est la condition sine qua non pour que le Ministère français de l’éducation nationale accueille la demande d’un bac francoprovençal : l’Association des enseignants de savoyard (AES) contacte le Conseil international du francoprovençal (CIF).

Les premières propositions concernant le nouveau système graphique

Le Cefp se fait antenne et le 27 mai 2016 invite les personnes intéressées à participer à la présentation des travaux de la commission : deux modalités possibles, en présentiel ou à distance. Suivra un débat constructif.

Vidéos des séances sur une graphie commune

Dans la playlist suivante vous pouvez choisir entre 8 vidéos celle que vous souhaitez en cliquant sur le trois petites lignes en haut. 

La commission se confronte avec les experts et s'ouvre au grand public

Une longue journée d'échanges a lieu le 10 septembre 2016 à Saint-Etienne, à l'occasion de la Fête de l'arpitan : un débat élargi entre les experts invités à la séance extraordinaire sera suivi d'une présentation au public de la fête.

 

Ce site utilise des cookies nécessaires à son fonctionnement et des cookies tiers pour améliorer l'expérience de navigation. Si vous souhaitez en savoir plus, consultez la note d'information. En poursuivant votre navigation, vous consentez à l'utilisation de cookies.

Infos