Le concours Cerlogne

Un concours scolaire pour motiver les classes et leurs enseignants à travailler en francoprovençal sur des thèmes divers ayant trait au territoire et aux traditions partagées par ses habitants. Un trésor unique en son genre conservé par le Cefp.

L'âme du Concours...

...la recherche de proximité

Chaque année le Cefp propose un thème de travail pour le concours Cerlogne. Sur ce thème une grille est rédigée pour suggérer aux enseignants de nombreuses pistes de recherche compatibles avec le parcours pédagogique de chaque classe. Lors des Journées d'information, organisées avec la collaboration de l'Administration régionale et ouvertes à tous les enseignants des écoles valdôtaines, le Cefp encourage les écoles à familiariser avec la méthode ethnographique : l'observation, le dialogue intergénérationnel et l'attention à la parole locale deviennent ainsi les outils fondamentaux pour découvrir pratiques, croyances et savoirsancrés dans le territoire.

Au fil des mois, les élèves approfondissent le thème du concours en effectuant des sorties de classe, en effectuant des interviews individuelles ou collectives, en accueillant des experts locaux et des personnes-ressources. Parallèlement, ils apprennent quelques aspects de la langue, selon la méthode choisie par l'enseignant, en bénéficiant parfois des animations en francoprovençal organisées au cours de l'année scolaire.

Par la suite, les classes synthétisent le fruit de leur recherche à travers l'écriture en francoprovençal, le dessin, l'audiovisuel, le théâtre. Les travaux ainsi réalisés sont exposés pendant la fête. Examinés attentivement par les membres du jury du Cefp, ils sont catalogués et conservés à Saint-Nicolas.

De nombreux chercheurs visitent le Cefp chaque année pour découvrir les travaux des classes sur une période longue de plusieurs décennies.

Quatre vidéos ont été sélectionnées dans cette playlist que vous pourrez choisir en cliquant sur le trois petites lignes en haut à droite.

Un travail à longueur d'année

La participation au concours Cerlogne implique un travail collectif étalé sur l'ensemble de l'année scolaire, permettant d'éveiller les élèves au francoprovençal et de les amener à approfondir quelques-uns des thèmes suggérés par la grille. Les enseignants présentent un dossier qui fait état du travail annuel de la classe, dans le respect des consignes quant à ses dimensions et format, car ce dernier est un document finalisé à la conservation dans les archives du Cefp : si la classe réalise en cours d'année des panneaux ou autres travaux en 3D, ceux-ci pourront être documentés à l'intérieur du dossier (photographies, rapport de l'enseignant), mais n'auront pas à être remis (sauf éventuellement pour les jours de la fête ou pour une autre exposition).

Le dossier contient aussi le rapport de l'enseignant : dans celui-ci figurent les noms de tous les enseignants participants et des classes participantes. Une petite description sociolinguistique de la classe est utile pour la compréhension du contexte de travail, de même que la description de la méthode et des choix pédagogiques effectués par l'enseignant. Quant à la présentation, plus elle est rigoureuse, plus l'accès au dossier est accessible à tout le monde. Le jury conseille aussi de numéroter les pages et de limiter au maximum les collages de matériaux divers qui finissent par se dégrader, par se décoller ou par s'abîmer à cause de la pression des pages.

Pour l'éveil linguistique, le nombre des heures consacrées au francoprovençal est certes très important, mais pour un maximum d'efficacité il est recommandé de les distribuer de manière régulière sur toute l'année scolaire.

Le jury félicite les enseignants qui s'aventurent dans des domaines encore peu explorés, notamment ceux liés la modernité. Si la réalité contemporaine est souvent complexe et difficile à interpréter, elle ne manque pas d'attirer l'attention des élèves et de stimuler leur esprit critique sur le devenir de la société valdôtaine. Ce type de travail peut cacher un autre défi car si les classes peuvent manquer de la terminologie francoprovençale nécessaire elles pourront aussi affronter la question des néologismes et de l'apparition des mots d'origine étrangère.

Dans ce cas comme dans d'autres, le jury souligne l'importance de travailler en synergie : l'expert de langue ou l'animateur ou encore l'ethnologue ou l'historien ou tout autre spécialiste, constitue un apport fondamental pour la classe. Les enseignants sont donc invités à solliciter le Cefp pour avancer dans la réflexion tous ensemble.

Un peu d'histoire

En 1962, frappé par le déclin du francoprovençal, René Willien imagina un concours scolaire pour les écoles primaires de la Vallée d'Aoste qui put compter immédiatement sur l'appui de l'assesseur régional à l'instruction publique. Les trois premières éditions furent conçues sur le modèle du concours littéraire : les élèves participants avec leurs enseignants arpentèrent les durs chemins de la poésie avec des résultats variables. Mais lorsque le couple Schüle (formé par un dialectologue et une ethnologue) offrit son appui à René Willien, le concours fut transformé en un laboratoire pour petits chercheurs et prit un essor formidable. L'engagement des premiers enseignants joua un rôle fondamental dans toute l'opération menée par le petit groupe visionnaire de Saint-Nicolas et petit à petit le francoprovençal et les autres aspects culturels liés à cette langue se gagnèrent une petite place à l'intérieur de l'école valdôtaine.

La nécessité de conserver et de cataloguer tous les travaux produits par les classes s'imposa au bout de quelques années. Le Cefp fut ainsi fondé en 1967 et son siège trouva place au premier étage du Musée Cerlogne. Les travaux réalisés par les classes valdôtaines constituent un trésor rare et précieux qui nous dévoile nombre d'aspects originaux de ce patrimoine culturel et linguistique ainsi que les différentes stratégies pédagogiques déployées par les enseignants dans l'enseignement de la langue et de la civilisation valdôtaine en vue de la préparation du concours Cerlogne. Les matériaux didactiques, les compétences linguistiques, la place du monde agropastoral dans la vie quotidienne des élèves, la relation avec la nature et avec les autres générations, tout cela témoigne des changements survenus dans nos écoles et plus en général dans notre société sur un arc temporel qui dépasse désormais le demi-siècle.